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La Chine a envoyé dans la nuit de mardi à mercredi 30 octobre un nouveau trio d’astronautes vers sa station Tiangong (« Palais céleste »), une mission baptisée « Shenzhou-19 » destinée notamment à préparer l’envoi d’une équipe sur la Lune. Le grand objectif du géant asiatique est de faire atterrir d’ici à 2030 un équipage sur l’astre lunaire, puis d’y achever aux alentours de 2035 la construction d’une base de recherche scientifique internationale.
Le vaisseau a été propulsé à 4 h 27, heure locale, mercredi, par une fusée Longue Marche-2F, du Centre de lancement de satellites de Jiuquan (nord-ouest de la Chine), selon l’agence de presse officielle Chine nouvelle et des images de la télévision étatique CCTV. Elle s’est élevée dans le ciel nocturne en dégageant une intense lumière, ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP). Selon l’Agence chinoise des vols habités (CMSA), citée par Chine nouvelle, le lancement a été un « succès complet » et, environ dix minutes après le décollage, le vaisseau transportant les astronautes s’est séparé de la fusée et est entré en orbite. Après l’arrimage en douceur de leur vaisseau à Tiangong vers 11 heures (4 heures, heure à Paris), ils sont ensuite entrés dans le laboratoire orbital, a fait savoir Chine nouvelle.
L’équipage est dirigé par Cai Xuzhe, 48 ans. Il est accompagné par Song Lingdong, un ancien pilote de l’armée de l’air de 34 ans, qui n’est jamais allé dans l’espace. Ils feront équipe avec Wang Haoze, 34 ans. Seule Chinoise ingénieure de vol spatiaux, elle devient la troisième femme chinoise dans l’espace. « Comme tout le monde, je rêve d’aller voir la station spatiale », avait-elle déclaré, mardi, lors d’une rencontre avec la presse. « Je veux accomplir méticuleusement chaque tâche et protéger notre maison dans l’espace. »
Ils ont été accueillis dans Tiangong par les trois astronautes de la mission précédente, Shenzhou-18, en orbite depuis avril et qui redescendront sur Terre le 4 novembre.
Shenzhou-19 vise « à accumuler de l’expérience supplémentaire, ce qui est très précieux » pour tout pays ayant un programme spatial, explique Jonathan McDowell, astronome au Centre Harvard-Smithsonian pour l’astrophysique, aux Etats-Unis. Savoir gérer des vols habités « sur une longue durée » et « exploiter la station », poursuit Chen Lan, spécialiste du programme spatial chinois. Car « la Chine travaille d’arrache-pied pour faire atterrir des hommes sur la Lune », le « principal défi » de ses missions habitées à moyen terme, insiste-t-il.
La Chine effectue des rotations d’équipage régulières sur Tiangong, tous les six mois environ. Objectif : mener des recherches scientifiques, effectuer de la maintenance et assurer une occupation permanente de la station.
Les astronautes de Shenzhou-19 resteront en orbite jusqu’à la fin d’avril ou au début de mai. Ils mèneront 86 expériences, notamment en matière de sciences de la vie, science des matériaux, physique fondamentale, microgravité ou médecine, a détaillé la CMSA. Le trio se fera notamment livrer, par le vaisseau-cargo Tianzhou-8, qui viendra s’arrimer à la station en novembre, des briques fabriquées à partir de composants imitant le sol lunaire, a rapporté la CCTV.
Ces briques seront testées dans l’espace, afin d’évaluer leur résistance à des conditions extrêmes (rayonnement, gravité, température…) et de déterminer si le sol lunaire peut constituer, ou non, un matériau adapté à la construction d’habitats sur la Lune. En raison du coût élevé du transport dans l’espace, les scientifiques chinois espèrent pouvoir utiliser en priorité ce sol lunaire pour la construction de la future station sur la Lune, a expliqué CCTV.
Tiangong est semblable en taille à l’ex-station russo-soviétique Mir, mais bien plus petite que la Station spatiale internationale (ISS). La Chine a en partie été poussée à construire son propre laboratoire orbital en raison du refus des Etats-Unis de l’autoriser à participer à l’ISS.
Le géant asiatique a considérablement développé ses programmes spatiaux depuis une trentaine d’années, injectant des milliards d’euros dans ce secteur afin d’arriver au niveau des Etats-Unis, de la Russie ou de l’Europe. La Chine avait posé en 2019 un engin spatial (la sonde Chang’e-4) sur la face cachée de la Lune, une première mondiale. Elle avait également fait atterrir en 2021 un petit robot sur Mars.
Le Monde avec AFP
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